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mardi 29 mars 2011

Faute de bar à whisky, j'ouvre ma propre bouteille de bourbon. Ça brûle dans le soleil déjà ardent, ça consume mes entrailles, j'ai l'impression d'être une flamme invisible dans l'éclatante luminosité. Le soleil écrase et accule, il ratatine les ombres sous nos pieds comme pour forcer nos fantômes à rentrer en nous-mêmes. J'en peux plus, j'ai soif et la boisson n'arrange rien. Mais j'ai aussi le vertige et le coeur qui se débat comme un papillon prisonnier. J'ai peur, une angoisse du diable qui ajoute à la confusion de la chaleur. Les signes. Les signes ! J'ai perdu tous les signes. Aucun mur ne se tient entre moi et le chaos. Autour de moi la route s'étend, vide, et va se perdre là-bas dans une forêt d'un vert insolent. La solitude étourdissante remplit l'espace d'une nuée fantomatique, seule capable de me glacer dans cette fournaise. Avez-vous déjà eu peur de devenir fou ?
Le moindre détail me torture, jaillissant avec une intensité pleine de malice. Le monde net, découpé, exhibant son infinité de formes et d'existences qui se pressent contre la mienne. Même ce qui n'est plus projette son ombre dans cette foire au vivant. Si au moins la cloche se remettait à sonner, m'appelant sur d'autres routes, me guidant vers d'autres vertiges... Mais tout pourrait finir là ? Je pourrais, sombrant dans mon angoisse, rester à jamais coincée au coeur de cette spirale, incapable de nager vers l'air libre. Il n'y a rien au monde de plus terrifiant qu'une route vide en plein milieu de l'été, en Alabama. On préférerait entendre sa dernière heure sonner que de rester à l'attendre, ombre à peine projetée sur la route mesquine vers l'enfer. 

Maloriel

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